Rap à part

Publiée le 10 juin 2022

Rap à part

MLK

En mai, les voix singulières du rap courneuvien ont beaucoup fait parler d’elles sur les ondes. Parmi les plus jeunes, celle de MLK, qui propose un rap chanté aux textes fouillés.

À partir du 18 mai et plusieurs soirs de suite, Planète Rap, l’émission de radio diffusée sur Skyrock, spécialisée dans le rap français et le R’n’B, invitait sur son plateau Tiakola à l’occasion de la sortie de son premier album, Mélo. À chaque fois, plusieurs artistes courneuviens l’accompagnaient. Parmi eux, MLK.

Les fans du genre le connaissent bien, l’ont découvert au Jeunes Estival 2021, apprécié sa montée en puissance lors de la deuxième édition de l’événement musical, le 4 juin dernier – que celles et ceux qui ont raté ces deux rendez-vous se consolent, il se produira à La Courneuve Square, le 25 juin, aura d’autres scènes au cours de l’été, notamment en juillet, à Stains.

« On a chacun un style différent. C’est au public de choisir. »

MLK est né à Marseille. Il a grandi aux Quatre-Routes et aux 4 000 et a consacré une partie de ses 17 ans à apprendre la musique : huit ans de piano, deux de chant choral à la Philharmonie, un passage par le jazz. « Quand j’étais petit, je voulais faire chanteur d’opéra ; ma mère chantait du R’n’B, explique-t-il. J’étais dans son univers, elle faisait des scènes. Elle m’a guidé, m’a accompagné, mais c’est moi qui ai voulu m’inscrire au conservatoire à La Courneuve. » Il y acquiert des bases solides, mais n’est pas convaincu par le classique. Son style est ailleurs. « Il y a deux ans, j’ai dit : je vais me lancer, comme ça, sur un coup de tête, raconte-t-il. Six mois plus tard, j’ai publié des petits freestyles sur Instagram par-ci, par-là. Avec Baé, mon manager, on a commencé à faire des choses plus cadrées, plus sérieuses. » Il essaie des sons, voit ce qu’il peut envoyer en clips. Passion, énergie, travail : le tiercé est gagnant dans l’ordre et le désordre. Il en sort deux : le premier, Acharné, il y a sept mois ; l’autre, Reviens, il y a trois mois. Le troisième clip, il l’a tourné fin mai. Son style musical ? « C’est de la mélodie, du rap chanté, pas du rap énervé, décrit-il. Ce qui me caractérise, c’est que je veux transmettre des émotions, raconter des histoires, mon vécu, un mélange de tout ça. Je prends un instru, j’écris, je trouve mes mélodies. » Il déclare ne pas avoir d’idoles, mais des sources d’inspiration comme Tiakola ou les 4Keus. « Tu vois des gens du même quartier qui ont réussi ; tu as envie de réussir, forcément ! » sourit-il.

Des projets pour la rentrée

Il raconte le tournage de la première partie de On vous présente les 4 000, sortie il y a un an sur YouTube. Une seconde partie a été filmée, elle sortira dans quelques semaines. « C’est un projet qui regroupe la plupart des rappeurs de La Courneuve sur une même chanson. Il y en a six dans la première partie, onze dans la seconde », ajoute-t-il en précisant : « Il n’y a pas de concurrence entre nous, on a chacun un style différent. C’est au public de choisir. » Jeune mais pas dupe, il sait qu’il va falloir travailler dur pour être visible. « C’est difficile d’arriver dans la lumière, de percer. Il faut se donner à fond », résume-t-il.

Des projets pour la rentrée, il en a. Un EP avec quatre ou huit sons, un nouveau clip, du démarchage pour d’autres scènes, des concerts, des festivals. En attendant, il se concentre sur un objectif : le bac. Fin de l’entretien. À la question « Comment qualifieriez-vous La Courneuve en un mot ? », il répond sans hésiter : « Talentueuse », citant dans la foulée les noms d’Amel Bent, Dinos, les 4Keus, Sabrina Ouazani...

Évidemment, seul l’avenir le sait, qu’on consultera régulièrement pour voir si ne s’ajoute pas à cette liste...MLK.

Texte : Joëlle Cuvilliez ; photo : Léa Desjours