
Quoi de neuf docteur ? En dernière année de médecine, Shirine Baboulla a choisi d’exercer au Centre municipal de santé Salvador-Allende. Un engagement au service d’une vocation de la première heure.
À 3 ans déjà, elle se voyait médecin. « Ou docteur plutôt !» Afin de soigner sa mère alors gravement malade. Depuis, Shirine Baboulla n’a pas dévié d’un iota. À 26 ans, elle est interne au Centre municipal de santé (CMS), le choix d’une jeune femme ayant grandi à La Courneuve. Mais pas seulement. Car, si ses parents y vivent toujours, elle habite désormais dans le 18e arrondissement de Paris. « J’avais fait mon premier stage de médecine générale ici, j’ai apprécié l’ambiance, la diversité des activités : médecine scolaire, planning familial, addictologie...» Sans compter les Permanences d’accès aux soins de santé (PASS) qui accueille gratuitement des personnes sans couverture de santé, migrant·es, demandeur·ses d’asile ou sans-abri. « Exercer dans ce CMS, ça ressemble à la médecine que j’ai envie de faire avec des patients très différents, beaucoup de jeunes pour la PASS, des consultations d’urgence, de la prévention, notamment en pédiatrie. »
Soigner les enfants la passionne au point d’en avoir fait son sujet de thèse à l’université de Paris-Est Créteil. « Je dresse un état des lieux relatif aux freins de dépistage des violences faites aux enfants en médecine générale ambulatoire. » Ce sont ses stages en service de pédiatrie dans les hôpitaux Robert-Debré (Paris 19e) puis Delafontaine (Saint-Denis) qui l’alertent. « Quand on fait un signalement à l’hôpital, c’est qu’on est déjà très loin dans la maltraitance », s’alarme l’étudiante qui finira son internat en octobre prochain pour devenir définitivement médecin. Le Centre municipal de santé a signé en 2022 une convention avec la faculté de Créteil et l’Agence régionale de santé (ARS) qui le reconnaît comme un centre universitaire à part entière, lui permettant de s’insérer dans une dynamique de recherche scientifique aux retombées positives sur la patientèle courneuvienne. Plus largement, cet accord permet d’attirer des étudiant.es en médecine, externe ou interne comme Shirine Baboulla.
Je me suis dit : “Je travaille pour être un bon médecin, pas pour être la meilleure.”»
Elle qui aime étudier, trime sans jamais se poser, mais elle reste détendue, affable. Sa générosité se lit dans ses magnifiques yeux clairs. Seule la sixième année de médecine, celle du concours d’internat, l’a amenée à s’interroger sur la praticienne qu’elle voulait être, à se questionner même sur l’adulte qu’elle est en train de devenir. « C’est plus dur que le concours d’entrée, parce qu’il faut être classé dans les meilleurs pour avoir l’internat que tu veux. Le matin, tu es en stage et l’après-midi, tu révises. Tu bosses tout le temps, tout le temps... Je me suis dit : “Je travaille pour être un bon médecin, pas pour être la meilleure.”» Dès l’élémentaire, à l’école Charlie-Chaplin, la fillette est bonne élève. « Ensuite, je suis allée dans un collège privé catholique à Aubervilliers, puis au lycée Saint-Vincent-de-Paul à Paris. On avait des interros sans arrêt, j’avais l’habitude de réviser. Mes parents voulaient que je réussisse dans la vie, même s’ils n’étaient jamais sur notre dos pour les devoirs, ni ma sœur ni moi.» Seuls loisirs que s’offre la jeune femme : les voyages. « Mon bilan carbone est catastrophique », reconnaît-elle, mi-sérieuse, mi-amusée. Sa dernière destination de rêve : l’île Maurice, d’où est originaire son père, jeune retraité ancien conseiller de vente. Sa mère, assistante RH (ressources humaines) a, elle, grandi au Maroc avant d’arriver en France à 20 ans. Un pays dans lequel la famille retourne souvent. Des voyages avec « soleil et beaux paysages », pour se ressourcer et revenir sereine, toute à ses patient.es.
Texte : Marie Bernard ; photo : Léa Desjours
Centre municipal de santé, 2 mail de l'Égalité, 01 49 92 60 60.