Un vote sur la cantine

Publiée le 12 juin 2025

Un vote sur la cantine

Referendum cantine

Pour le 5e Référendum courneuvien, la Ville invite les habitant·es à trancher une question devenue cruciale : « Pour que chaque enfant puisse profiter d’un repas complet et équilibré, êtes-vous favorable à ce que la municipalité prenne en charge la totalité du coût de la restauration scolaire dans les écoles primaires ? »

La précarité alimentaire augmente en France. « Les effets de l’inflation se traduisent par de nouvelles personnes qui se rendent à l’aide alimentaire : un tiers des personnes fréquente une association depuis moins de six mois », indiquait ainsi le réseau des Banques alimentaires en février der- nier. Un constat confirmé par Antonin Mourey, responsable de l’antenne courneuvienne des Restos du cœur : « On a de plus en plus de familles qui demandent de l’aide alimentaire, on a dû arrêter les nouvelles inscriptions. Actuellement, on a un peu plus de 400 familles inscrites, contre 240 en avril 2023. »

Et cette précarité alimentaire commence dès le plus jeune âge. Selon la « Consultation nationale des 6-18 ans 2024 » menée par l’UNICEF (le Fonds des Nations unies pour l’enfance), 22,8 % des enfants français mangent moins de trois repas par jour ; 11,9 % mangent de la viande, du poisson, un œuf ou l’équivalent en protéines seulement ou moins d’une fois par semaine ; et 11 % mangent des fruits et des légumes seulement ou moins d’une fois par semaine. Ces chiffres sont sûrement encore plus faibles à La Courneuve, où le taux de pauvreté est largement supérieur à la moyenne nationale (42 % contre 14,5 %).

Dans ce contexte, l’équipe municipale a décidé de soumettre au référendum une proposition qui ne figurait pas dans son programme en 2020 mais qui prend une évidence nouvelle : l’instauration de la gratuité de la restauration scolaire à partir de la rentrée 2026. Même si la Ville propose déjà une tarification sociale fondée sur le quotient familial, avec des prix en fonction des revenus des familles, il s’agit de lever les derniers freins financiers à l’inscription et de permettre ainsi aux enfants concernés de bénéficier d’un repas complet et équilibré par jour. « L’avantage des repas à la cantine, c’est qu’ils suivent les recommandations “nutrition” du GEM-RCN [Groupe d’études des marchés de Restauration collective et Nutrition,
N.D.L.R.], avec un contrôle des grammages et des fréquences sur vingt repas consécutifs, explique Delphine Romano, diététicienne-nutritionniste au Centre municipal de santé Salvador-Allende. Sur les menus, on voit qu’il peut y avoir des frites mais qu’elles ne sont pas servies tout le temps. Il y a X g de poisson, de produits laitiers, de fruits et de légumes, de féculents… servis X fois sur 20. »

Cette mesure répondrait donc à un impératif de santé publique, en garantissant aux élèves l’accès à une alimentation saine nécessaire à leur développement ainsi qu’à leurs apprentissages, et l’accès à une éducation au goût et à la nutrition. Elle répondrait aussi à d’autres enjeux : lutte contre la pauvreté, en redonnant du pouvoir d’achat aux familles les plus modestes ; conciliation entre vie familiale et vie professionnelle pour les parents, en particulier les mères ; socialisation et apprentissage du vivre-ensemble pour les enfants. Mais la gratuité de la cantine pour tous les écolier·ères aurait nécessairement un impact sur le budget municipal, avec une perte de recettes estimée à environ 500 000 euros. À vous de décider.

Textes : Olivia Moulin ; photos : Léa Desjours

Quelques chiffres

  • 52 %c’est le pourcentage d’élèves de primaire (maternelle + élémentaire) qui vont à la cantine.
  • 0,56 €c’est le prix du repas à la cantine pour la première tranche de quotient familial.
  • 5,02 €c’est le prix du repas à la cantine pour la dernière tranche de quotient familial.
  • 18 €c’est le coût réel du repas à la cantine (coûts des denrées alimentaires + coûts de personnel pour la cuisine, le service et l’animation + coûts de fonctionnement + coûts d’investissement).
  • 52 %c’est le pourcentage de familles qui paient moins de 3 euros par repas

Elles et ils pensent que...

FATIMA

« Ça retirerait des frais »

« Ce serait bien que la cantine devienne gratuite, ça retirerait des frais. Moi je travaille et je n’ai plus qu’une fille qui y va, l’autre est au collège maintenant, mais avec un seul salaire, c’est un peu compliqué pour moi de payer. Je connais des gens, comme ma sœur et son mari qui ont un travail tous les deux, qui ne mettent pas leurs enfants à la cantine et au centre de loisirs parce qu’ils n’y arrivent pas financièrement. »

CHRISTIANE

« Ça déresponsabilise les gens »

« Je n’ai pas d’enfants et si j’en avais, ils auraient passé l’âge d’aller à la cantine mais je suis plutôt contre la gratuité en général, je trouve que ça déresponsabilise les gens. Si on demandait une participation, même symbolique, pour la médiathèque par exemple, ça empêcherait
peut-être les problèmes de comportement. Mais c’est normal de tenir compte des revenus et de ne pas faire payer la même chose à tout le monde. »

FARIDI

« Bon pour la santé des enfants »

« Je me demande qui pourrait être contre la gratuité de la cantine ! C’est pas mal du tout comme proposition. On pourrait rendre gratuit tout ce qui est bon pour la santé des enfants, comme les activités extrascolaires, qu’elles soient sportives ou culturelles. Comme ça ils n’auraient pas d’excuses pour mal manger et ne rien faire. Mais il ne faut pas trop en demander non plus, vu que ce serait payé avec les impôts. »

Le référendum en pratique

Vote référendum
Texte

OÙ ?

Dans sept bureaux de vote fixes, au sein d’équipements municipaux :

• Maison de la citoyenneté (MDC) James-Marson
• Pôle administratif Mécano,
• Maison pour tous Youri-Gagarine
• Maison pour tous Cesária-Évora
• Maison pour tous Aoua-Keïta,
• Centre municipal de santé Salvador-Allende
• Boutique de quartier des Quatre-Routes.

Et dans des bureaux de vote mobiles !

QUAND ?

Du 13 au 21 juin, selon les horaires d’ouverture des équipements municipaux et de présence des bureaux de vote mobiles.

QUI ?

Vote ouvert à tous les Courneuvien·nes à partir de 16 ans, quelle que soit leur nationalité.

COMMENT ?

Pour participer, il faut présenter une preuve de résidence dans la commune. Un fichier des votant·es est tenu durant toute l’ouverture du scrutin pour s’assurer que des personnes ne votent pas plusieurs fois. Le dépouillement, public, se tiendra à l’issue du scrutin, le 21 juin à partir de 12h, à la MDC.

La démocratie directe en actes

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Texte

En 2021, la Ville a mis en place le 1er Référendum courneuvien, un dispositif renouvelé chaque année et de plus en plus utilisé par les habitant·es, avec une participation passant de 1 216 à 2 636 votant·es. Les décisions prises par référendum ont donné lieu à des applications concrètes : mise en place de règles de circulation aux abords des écoles et de règles de stationnement plus strictes et d’une zone 30 sur toutes les voiries communales, lancement d’une Mutuelle communale, organisation d’un Marathon des déchets, déploiement de stations Vélib’. Et les premières toilettes publiques gratuites seront installées dans les quartiers des Quatre-Routes, sur la place Claire-Lacombe, et de la Gare, sur le parking devant Franprix, à l’automne 2025. Quant à l’extinction des lampadaires publics de minuit à 5h dans les zones d’activité non résidentielles et des lumières des bâtiments et espaces extérieurs des commerces et des entreprises lorsqu’ils ne sont pas en activité, elle va être étudiée et mise en œuvre avec les partenaires concernés.